A Besançon, ville d’environ 116 600 habitants située à l’est de la France, la langue française est omniprésente sur les panneaux de signalisation des voies publiques et les affiches. Mais d’autres langues se lisent à Besançon. Et si l’on tend l’oreille, certaines langues présentes dans notre environnement sonore restent invisibles. Nous, étudiant.es en linguistique au Centre de Linguistique Appliquée, vous proposons un voyage virtuel dans ces langues utilisées à des fins touristiques, commerciales ou symboliques. Un voyage entre les langues visibles et invisibles.
La français au-delà des mots
L’information visuelle circule en français dans l’espace public bisontin. Au-delà de la langue, certaines références sont liées à la culture locale, à travers des dates d’événements historiques comme le 8 septembre, 8 mai. Ces dates ont des connotations socioculturelles que la simple analyse linguistique ne permet pas de comprendre.
L’anglais et l’allemand, langues du tourisme
Deux langues peu entendues dans notre environnement sont les plus visibles dans l’espace public : l’anglais et l’allemand. Ces langues sont présentes sur les panneaux des sites touristiques ou les annonces à la gare. L’Allemagne est à une centaine de kilomètres de Besançon. Mais en ce moment, peut-être du fait des restrictions sanitaires, on entend peu l’allemand dans les rues de Besançon. Nous avons repéré également une publication en braille pour faciliter la compréhension d’un panneau sur le patrimoine aux personnes malvoyantes.




L’anglais, langue des affiches publicitaires
Près des abribus, il est notoire que les affiches publicitaires utilisent l’anglais. Par exemple, la publicité du whisky mélange français et anglais pour montrer que le produit vient d’Angleterre. La puissance économique des Etats-Unis semblent influer dans la mondialisation et le choix de l’anglais comme langue de la publicité.
Le multilinguisme, pour s’adresser à différentes clientèles
Néanmoins, l’anglais est souvent associé à une autre langue, d’après nous pour attirer l’attention des clients. C’est le cas sur les écriteaux des boutiques qui saluent en plusieurs langues, en reconnaissant particulièrement certaines clientèles, par exemple, celles qui parlent français, anglais, néerlandais, allemand, italien, espagnol et arabe. De nombreux produits de consommations, souvent alimentaires, sont multilingues. On y lit les langues des pays où le produit est vendu. Les grands magasins sont donc des espaces très multilingues !






L’italien et l’espagnol, langues des enseignes de restaurants
Certaines enseignes de restaurants utilisent également l’alternance codique, c’est-à-dire l’emprunt à plusieurs langues comme le français et l’italien pour une pizzeria. Le recours à du vocabulaire italien renvoie à l’imaginaire d’une recette typique italienne. Nous remarquons ce même procédé en France et en Malaisie. De nombreux propriétaires de restaurants choisissent des noms français pour représenter l’élégance. Le choix de la langue a une fonction symbolique très forte.
L’alternance codique pour informer sur l’origine des produits
L’une des publicités observées dans la rue est rédigée en français et en allemand afin d’apporter des informations sur l’origine du produit sans en lire la description. Cela peut être interprété comme un gage de qualité en faveur de la vente du produit. On observe la même utilisation des mots à connotation culturelle pour des activités sportives ou des produits d’alimentation.
Des créations entre les langues
Des enseignes utilisent également ce procédé : “Le City”, par exemple, associe le nom anglais “city” à l’article défini masculin français “le” ou encore le salon de coiffure “by Céline”. On observe une grande créativité dans ces jeux entre les langues, surtout avec l’anglais, comme le “Happy hours” proposé par le cabinet de psychologie de l’université : “Happsy Hours”. Cette création peut associer un rendez-vous convivial à celui d’un rendez-vous médical.
Les langues parlées dans les transports en commun
L’alternance codique concerne également la langue orale. Les personnes changent parfois de langue dans un même discours. Il arrive qu’une langue soit utilisée par quelqu’un pour ne pas être compris. Il nous est arrivé d’entendre du turc dans le tram. La personne utilisait cette langue pour communiquer par téléphone une information confidentielle. Mais attention, nous n’avons pas toujours conscience de la diversité des langues parlées dans un lieu public !
Les langues invisibles dans l’espace public
Il existe des langues très entendues mais invisibles. Comme dans les bâtiments de la résidence universitaire du Crous, nous entendons très souvent les langues des étudiant.es internationaux : le chinois, l’indonésien, le malais, le vietnamien. Ils les utilisent avec leurs amis et leurs familles. Mais le français reste la langue intermédiaire pour communiquer entre eux. La langue arabe est très souvent entendue dans la rue mais même pour ceux d’entre nous qui l’ont apprise à l’école, il n’est pas toujours possible de comprendre ce que les gens disent. En revanche, ces langues ne se voient pas dans les lieux publics.
Les langues non identifiées
Certaines langues ne nous sont pas familières. Nous les entendons sans pouvoir les identifier. D’autres signes nous permettent de comprendre leurs locuteurs : leurs intonations et expressions faciales.
Entre étudiant.es, au Centre de Linguistique Appliquée, écouter d’autres langues puis deviner ce qui se dit, ne serait-ce qu’un mot, c’est notre sport préféré !
Auteurs: Athirah, Chau, Ezzani, Linh, Mohana, Mustafa, Norihan, Papa Adiouma, Syafina, Zainab, Zukrina.
Cours de linguistique 2021 – Caroline Venaille
Très beau travail et une belle réalisation. Peut-être pourrons nous avoir des capsules sonores en plus pour voyager avec vous dans Besançon ?
LikeLike